mercredi 14 octobre 2015

Au passage, le mot Humilité vient du latin Humilitas dérivé de Humus signifiant Terre

Dans les genêts, clématites, ronces, diplotaxes, chiendents, plantains...


J'ai vu ce magnifique plaidoyer pour l'Arbre de Francis Hallé (2013) :




Et j'ai repensé à Albert Jacquard dont je me souvenais qu'il affirmait que nous aussi sommes des "dividus" et pas des individus. Alors, nous ne sommes certes pas une colonie comme un arbre que l'on peut couper sans menacer directement sa survie, mais voici ce qu'il explique :

"La différence entre la bactérie et le caillou, c’est que la bactérie est infiniment plus complexe que le caillou, mais les forces qui jouent à l’intérieur de l’un et de l’autre sont les mêmes. Et puis les bactéries se dédoublent, 1, 2, 4, 8, etc. Cela crée du nombre mais cela ne crée pas du monde.

Un événement est apparu, il y a un peu moins d’un milliard d’années, c’est l’apparition de deux bactéries ratées qui n’étaient pas fichues de se dédoubler : alors elles se sont mises à deux pour en faire une troisième : cela s’appelle la procréation et c’est probablement l’élément majeur de tout ce qui s’est passé sur la terre.

Alors du coup, au lieu de faire du nombre, on fait du monde. Quand on se met à deux pour en faire un troisième, on fait n’importe quoi puisqu’il faut se couper en deux.

Comme le disait si bien Aristote "un individu qui est un être indivisible ne peut pas avoir deux sources". Donc nous n’avons qu’une source : le père ou la mère ? Et nous vivons encore sur cette idée-là que les pères sont plus importants que les mères.

Le raisonnement vrai c’est que comme un individu est un être indivisible qui ne peut pas avoir deux sources, et comme nous avons deux sources, nous ne sommes pas des individus mais des "dividus". Je suis un "dividu", ne me coupez pas en deux vous me tueriez, mais quand je veux avoir un enfant, je me coupe en deux, je n’envoie que la moitié de moi-même. Laquelle moitié ? Je tire au sort à chaque fois et je fais tellement de tirages au sort que je fais n’importe quoi. Je vais chercher un spermatozoïde derrière la galaxie Machin. Elle, elle est allée cherchée un ovule on ne sait trop où dans un autre univers. On a fait un enfant avec ça. Donc on fait n’importe quoi. Ce que fait la procréation, c’est qu’à chaque fois qu’on fait ce fameux troisième, on ne sait vraiment pas ce que l’on fait, on fait un autre, et comme cet autre est tout à fait différent, on est toujours étonné. Et à force de faire n’importe quoi, on fait de temps en temps, du pas tout à fait normal, de l’étrange, du raté. 

Là, il faut lutter fortement contre une idée qui imprègne notre société. L’idée que l’évolution du monde dit "vivant" a été menée par la sélection naturelle, c’est à dire qu’heureusement que la nature était là pour éliminer les ratés et donner la chance aux meilleurs. Seulement cette théorie est fausse, ou en tout cas extrêmement partielle. Les grands bonds en avant de l’évolution ont été la victoire des "ratés", c’est à dire de ceux qui n’étaient pas comme tout le monde, ceux qui ne savaient pas faire les choses que les autres savaient faire, et qui parfois savaient faire des choses que les autres ne savaient pas faire. C’est comme ça qu’un poisson est sorti de l’eau, qu’un primate est tombé des branches. Nous sommes des primates "ratés". On ne sait pas trop comment nos ancêtres se sont séparés des ancêtres des chimpanzés, mais on sait qu’une famille était à la fois l’ancêtre des uns et l’ancêtre des autres. Comment se fait-il que cela a divergé ? Il a fallu que les mutations intervenues dans une branche soient différentes des mutations de l’autre, et qu’il n’y ait pas mise en commun des mutations. Une des idées c’est que, peut-être, à l’époque, notre ancêtre à nous a été un mâle qui avait perdu son baculum (car tous les primates ont un os qu’on appelle le baculum, c’est un os dans le pénis et nous, nous n’avons pas de baculum). On peut imaginer que dans une famille de bons primates bien corrects est arrivé un garçon, un "pauvre type", qui n’avait pas de baculum. Le voilà qui se console avec une cousine à lui, qui avait la vue basse, qui n’était pas très fine. C’est le constat que c’est probablement un handicap, un ratage, une malfaçon, qui est à l’origine d’une organisation. 


Les femelles ont perdu les poils de leur poitrine qui étaient tellement utiles pour allaiter le bébé qui pouvait s’agripper, c’est catastrophique. Voilà qu’il y a un million d’années, quelques mutations ont multiplié par 10, 15 ou 20 le nombre de nos neurones. Au lieu d’avoir 5 milliards de neurones, nous en avons de l’ordre de 100 milliards. C’est catastrophique étant donné que le bassin de la mère n’est plus assez large et par conséquent le bébé ne peut pas passer. Cela a failli être la fin de notre espèce. On a trouvé une astuce, c’est de le faire naître au bout de neuf mois ce qui est évidemment trop tôt. On peut imaginer une maman chimpanzé venant voir sa cousine primate il y a un million d’années, et se disant "la pauvre, elle a toutes les malchances : ses pattes arrière n’agrippent pas les branches, son mec n’a même pas de baculum, sa poitrine n’a pas de poils, et voilà maintenant qu’elle donne naissance à un pauvre bébé qui n’a aucune autonomie, avec un crâne hypertrophié." Et puis, il se trouve qu’on s’en est sorti quand-même, et que ce qui était un handicap est devenu une chance. Aujourd’hui, le regard que l’on doit porter sur un enfant, sur un petit d’homme qui a le crâne trop gros, c’est finalement un regard admiratif, car c’est grâce à ce handicap qu’il va avoir en lui l’objet le plus complexe qui soit : le cerveau humain, cent milliards de neurones, vingt millions de milliards de connexions."

Intervention d'Albert Jacquard au Congrès ICEM pédagogie Freinet en 1996 (retranscription intégrale de la conférence ici)

Alors, dans nos peuplades occidentales et autres qui ont fondé leur monde sur la soit-disante domination de la nature (ce qui n'est pas le cas de tous les peuples du monde), il y a du chemin avant que l'on comprenne les arbres, ces dividus immortels qui, tout en restant immobiles, parviennent à se nourrir de soleil, d'air et d'eau. 
Il y a du chemin avant que l'on comprenne les primates ratés que nous sommes, qui dépendons totalement de ces derniers car même si notre impressionnant cerveau peut inventer des choses phénoménales (ce qui est à la fois un atout et une menace), nous ne disposons pas de l'équipement génétique suffisant pour nous nourrir uniquement de soleil, d'air et d'eau. Nous avons besoin du végétal.
Et il y a du chemin avant que ces deux-là vivent en harmonie. Mais si c'était le chemin que nous prenions maintenant tout de suite sans plus tarder, qu'est-ce que ce serait bien !





*

samedi 10 octobre 2015

Débroussaillage


Collaboration


Il y a peu, je suis tombée dans le bouillon de permaculture. C'est une naissance tardive qui me pousse à redoubler d'efficacité pour me mettre à la page. Du coup, j'en ai fait une de page pour organiser toutes les ressources importantes que j'ai pu trouver sur la toile.




Cette page s'appelle "Permaculture", en toute originalité (on la trouve dans un des onglets qui figurent en sous-titre du blog). Puisse-t-elle être un outil utile à d'autres qu'à moi seule.

Cette page ondulera comme une vague en perpétuel mouvement, mais je l'ai organisée en 9 points, pour le moment :

1. Présentation de la permaculture
2. Comprendre le sol, la terre qui nous nourrit
3. Comprendre les arbres, les plantes herbacées
4. Techniques de jardinage
5. Semences bio et reproductibles : entretenons la gratuité du vivant
6. Permaculture urbaine
7. Habitat et autonomie
8. Politique et permaculture (mais pas que)
9. Associations

De l'avantage de laisser pousser les herbes sauvages


Un petit avant-goût de ce qu'on peut y trouver comme document et, au passage, merci à tous ceux qui contribuent à faire circuler librement le savoir :




Bonne balade