lundi 9 mai 2016

A la manière des trois petits cochons


La super cabane se cherche, se construit, se déconstruit sans arrêt, tout à la fois qu'elle est permanence et nécessité.

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Il y a deux ans, il y a eu la découverte du PEROU, le Pôle d'exploration des ressources urbaines, et du film "Considérant", l'histoire d'une construction au(x) coeur(s) d'une zone que personne ne veut défendre, puis d'une destruction froide à coup de machines qui craquent si facilement les baraques de bois et de clous ; à coup de litanie administrative : article "Construire plutôt que détruire".





Une litanie administrative que j'ai trop bien connue et qui m'a amené à considérer qu'il faut réinventer les formes de FAIRE face à la puissance publique aveugle. J'ai vu que lutter sur son terrain, code en main, c'est déjà perdre. Il faut lui filer entre les doigts, aller sur un terrain qu'elle ne connaît pas. Le coeur, les mains pour construire, pour se tenir ensemble, les jambes pour courir, par exemple (tiens, une émission s'interrogeant sur des nouvelles formes d'engagement). Peu importe sa destruction chaque fois répétée.

Le PEROU continue à FAIRE dans la "Jungle" de Calais. Ecouter ces expériences qui se construisent et se renouvellent sans cesse, en-dehors de catégories que l'on voudrait figées, cette nécessité qui vit malgré la destruction : émission Les Nouvelles Vagues (France Culture) du 25.04.16.

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Trois ans après la destruction du bidonville de Ris-Orangis, le château commun de Nuit Debout et ses occupants au coeur de la commune sont vidés avec la violence non seulement destructive mais ostentatoirement répressive. Article de Louise Noir dans Lundi matin, extrait :

"(...) La préfecture justifie cette brutalité policière par la présence de « constructions en dur » illégales, hors je ne considère pas qu’un édifice pouvant être détruit par la force des bras est une « construction en dur », je considère par contre le château fort comme la métaphore d’une nécessité défensive, collective et déterminée pour survivre.



Déployant un blocus, empêchant l’apport de matériaux, cautionnant le vol de nos outils, tabassant les occupants, la préfecture exprime bien plus justement son envie de nous détruire que dans ses communiqués. Dans cette même nuit du 28 au 29, dans cette époque où le ministère de la culture explique que l’art peut servir à canaliser les colères de banlieue ou même à être un « facteur de citoyenneté », les policiers ont mis à la poubelle une demi-douzaine de toiles peintes par des étudiants, ont démontré que l’État méprise définitivement les artistes.


La nasse de la république menace la place du château d’eau, du château fort, du château commun. Si nous perdons, il est vrai, beaucoup de batailles dans la rue, nous tenons bon et agissons à la manière des trois petits cochons. Notre manière d’aborder la guerre en cours, c’est de courir vite, de reconstruire, de se protéger, d’inventer, de peindre, de recommencer."

+ Communiqué (image Lundi matin) :





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Une nouvelle ZAD a vu le jour à Montpellier pour soutenir les Enfants de la Colline et faire échec à un projet immobilier dans le quartier de la Colline de Las Rébès : article Reporterreprésentation par Nuit Debout Montpellier.







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Vivre, survivre, inventer, construire sur les décombres d'un monde qui se meurt "mais qui tarde à mourir".