jeudi 27 juin 2019

La tranquillité des commanditaires d'éborgnements




Coléoptères croisés sur le chemin.


La tranquillité des commanditaires d'éborgnements.

Peiner à voir son image détruite.
Peiner à voir.
Peiner.
Douleur, profondément physique, profondément psychique.

L'un des auteurs réels de la descente, pas le pantin qui a tiré, mais celui qui a tiré les ficelles, il se regarde dans le miroir. On ne remontera pas jusqu'à lui. Il est sauvegardé par le système qui l'a fait.
Il a toute sa capacité visuelle mais se condamne à l'aveuglement. Il n'a pas mal et pourtant.
Il jouit de cette tranquillité superficielle. De cette petite mort qui le fait vivre. Comment. 
Quelle est cette liberté ? Quel est ce pouvoir ? Quelle est cette jouissance ?

Ce n'est pas l'abîmé qui s'abîme.


mardi 25 juin 2019




Le monde est habité de nos signes.
Nous sommes signés par le monde.

lundi 24 juin 2019

mercredi 19 juin 2019

Remuante vie d'eau calme



Bichonnage de mare.
Vu petite couleuvre, crapauds, rainettes vertes... Et aussi une belle limace léopard.
Les guêpes boivent tout leur saoul et ont d'autres chats à fouetter que de venir nous asticoter quand nous sommes en train de becter.
Tout le monde vient boire à la mare, moins besoin de prendre le jus des fruits des arbres.
Bistrot de quartier, chacun ses heures, lieu de rencontres, toujours une scène à mater.
Remuante vie d'eau calme.

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[La prohibition :  ]

"Si l'on veut saisir en son coeur l'offensive que les économistes ont livrée aux terres communales, il faut revenir à la seconde moitié du XVIIIe siècle. Car c'est, une fois de plus, à ce moment précis qu'un certain nombre de stratégies se dessinent quant à la mise en calcul d'un monde qui devra être aménagé jusqu'en ses parcelles les plus infimes. On sait que c'est à cette époque que les défrichements des forêts font rage, en même temps que le dessèchement et l'aménagement des zones humides. L'usage collectif de ces zones humides avait eu de tout temps une importance capitale pour les communautés paysannes. En dépendaient l'accès à l'eau, les différentes techniques d'irrigation, la pisciculture, la production de paillage (litières d'animaux, engrais, vignes, toitures), la culture du sel sur le littoral, la tourbe, les produits maraîchers en bordure de zone ou sur les levées alluviales.
Dès le XVIe siècle, l'assèchement des marais est perçu comme une oeuvre civilisatrice, mais c'est bien avec les physiocrates que ces opérations prennent une dimension systématique. Les zones humides sont vues comme dangereuses, inhospitalières et sauvages. Pour les physiocrates, ces lieux, vestiges des pratiques féodales, n'ont plus de raison d'être dans le système économique. Ils sont des obstacles au développement de l'agriculture, qui s'érige alors en système de captation de richesses du sol et fait oeuvre de "salubrité". Dans les campagnes comme dans les villes, le traitement des miasmes sera l'occasion de quadriller, par des mesures de contrôle disciplinaire inédites, des espaces trop opaques d'où pouvait surgir le danger de la révolte. La zone humide est vue en tout cas comme un espace de "désolation". De manière générale, les communaux sont traduits, dans une véritable haine, comme des espaces "négligés", des "cloaques immenses", des "déserts lugubres et inféconds", ce qui permet en retour aux économistes et agronomes de poser comme une absolue nécessité la transformation de ces "friches" en parcelles individuelles rationnellement cultivées."

Dans "Être Forêts" de Jean-Baptiste Vidalou.


jeudi 13 juin 2019

L'assassinat




Regarde-les tous ces gens épris de liberté qui se ruent comme des charognards sur la bête à terre. Le spectacle n'est pas fini.

Ce comportement en dit bien plus, en toile de fond derrière le discours, modelable à l'envi. Construction à déconstruire. L'habileté masque ce qu'elle peut.
Révélation en négatif de ce qui assassine.

mardi 4 juin 2019

L'humide et l'obscur


"Une "surface plane à gérer...", voilà l'ultima ratio de la gouvernance. Sauf que l'on n'aplanit pas un espace sans "aplanir" aussi ceux qui y vivent. Les nouveaux habits de la préservation, tissés aujourd'hui de tout ce réseau computationnel, ne suffiront pas à cacher des siècles de dépossession, des siècles de colonisation. Ce planning en réseaux reconduit, à même le sol, la même violence."

(...)

[Citant Buffon, "Histoire naturelle", 1749 : ] ""La Nature brute est hideuse et mourante ; c'est Moi, Moi seul qui peux la rendre agréable et vivante : desséchons ces marais, animons ces eaux mortes en les faisant couler, formons-en des ruisseaux, des canaux ; employons cet élément actif et dévorateur qu'on nous avait caché et que nous ne devons qu'à nous-mêmes, mettons le feu à cette bourre superflue, à ces vieilles forêts déjà à demi consommées."
[et aux sorcières, camisards, sauvages, et tous autres gêneur.e.s qui les habitent, hé, hé, hé]

(...)

"Comme si une forme préétablie s'imposait à la matière inerte. Comme si les lumières venaient enfin éclairer l'informe basse-fosse du monde."

Dans Etre Forêts de Jean-Baptiste Vidalou.

Décoloniser son esprit. Elargir sa perception.
Je pense à toutes ces zones humides qui ont été asséchées, de façon méthodique depuis le XVIIIe, parce que "c'est sale". Avec leurs habitant.e.s. Humain.e.s, non-humain.e.s, plus qu'humain.e.s.
L'humide, l'obscur.
Je pense à Starhawk, entre autres, qui a pointé cette culture de la mise à distance, laquelle a méthodiquement écrasé les cultures de l'immanence, pour dresser le "pouvoir-sur".
Je pense au vagin de la femme, qui est aussi sale et humide.

Descends dans le monde. Décolonise ton esprit.