vendredi 26 avril 2019




(...) "dans le rêve vivant que nous partageons avec le faucon qui plane, l'araignée, ou le rocher laissant en silence se développer des lichens sur sa face rugueuse." (p. 31)

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"Le corps qui respire et sent tire sa nourriture et sa substance même des sols, des plantes et des éléments qui l'environnent. Lui-même ne cesse de contribuer à l'air, à l'enrichissement du sol, à la nourriture des insectes, des chênes et des écureuils. Il ne cesse, à la fois, de se déployer hors de lui-même et de respirer le monde en lui-même, de telle sorte qu'il est très difficile de discerner, à chaque instant, où commence précisément ce corps vivant et où il s'arrête." (p. 72)

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(Citant Paddy, un aborigène :) 
"Vous voyez ce rocher ?
Ce rocher, c'est moi !" (p. 220)

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"Il s'agit d'un style de pensée qui associe donc la vérité non avec un fait statique mais avec la qualité d'une relation."
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"Une civilisation qui détruit sans relâche la terre qu'elle habite ignore ce qu'est la vérité, quelle que soit la masse de supposés faits accumulés à propos des propriétés calculables de son monde." (p. 336)

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"Si je dis que je vis aux "Etats-Unis" ou au "Canada", en "Colombie britannique" ou au "Nouveau-Mexique", je me situe moi-même dans un ensemble de coordonnées purement humaines. Je ne dis rien ou presque du lieu terrestre où j'habite, je précise seulement ma localisation temporaire au sein d'une matrice changeante de forces politiques, économiques et civilisationnelles qui s'efforcent de se maintenir, le plus souvent aujourd'hui aux dépens de la terre animée. Le grand danger est que moi-même et de nombreuses autres personnes sincères, nous en venions à croire que nos corps qui respirent habitent réellement ces abstractions, et que nous consacrions nos vies à servir, défendre ou pleurer le destin de ces entités éphémères, plutôt qu'à maintenir et défendre les lieux concrets qui, charnellement, nous nourrissent." (p. 340)

(...)

"Afin d'obtenir cette extraordinaire image unificatrice de la terre tout entière (the whole Earth) tournoyant dans l'obscurité de l'espace, les humains ont dû, semble-t-il, abandonner quelque chose de tout aussi précieux - l'humilité et la grâce qui viennent d'une pleine appartenance à ce monde tournoyant." (p. 343)

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"Tôt ou tard, en d'autres termes, la civilisation technique devra accepter l'appel de la gravitation et se réinstaller sur terre (...)." (p. 346)

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"Planter les mots, comme des graines, sous les rochers et les arbres tombés au sol - permettre au langage de prendre racine, à nouveau, dans le silence de la terre, de l'ombre, de l'os et de la feuille." (p. 348)

Extraits de Comment la terre s'est tue (The Spell of the Sensuous, 1996), David Abram.

#zonesadefendre #atterrir #perceptionelargie



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