Lire


QUELQUES PROPOSITIONS DE LECTURES POUR "OUVRIR SON JARDIN"...


Ce sont des livres de réappropriation... 
de nous-même,
du monde que nous habitons du-dedans, à même la terre que nous foulons,
de la relation,
de notre "pouvoir"...
Il n'y a volontairement pas de livres de jardinage pratique ni d'ouvrages sur l'autonomie ou la permaculture, il y en a tellement de bien, et déjà recensés ailleurs :)
Ce sont des livres à lire et relire et relire, ils accompagnent à chaque fois notre regard renouvelé dans ce monde protéiforme et toujours en mouvement, ils infusent au gré de l'expérience éprouvée.


Photo de groupe !





Abram, David, Comment la terre s'est tuePour une écologie des sens, Les Empêcheurs de Penser en Rond, La Découverte (The spell of the sensuous, paru en 1996) : philosophe - prestidigitateur : comment s'est-on abstrait du monde sensible. Une phrase (en fin d'ouvrage) : "Planter les mots, comme des graines, sous les rochers et les arbres tombés au sol - permettre au langage de prendre racine, à nouveau, dans le silence de la terre, de l'ombre, de l'os et de la feuille."




Clément, Gilles, Où en est l'herbe ?Réflexions sur le Jardin Planétaire, Textes présentés par Louisa Jones, Actes Sud, 2006 : recueil de plusieurs textes de ce jardinier - paysagiste - écrivain - artiste... qui a construit sa maison dans la Creuse. Un court extrait de La friche apprivoisée (1985) : "Ce qui est dit dans la friche résume toute la problématique du jardin ou du paysage : le mouvement. Ignorer ce mouvement, c'est non seulement considérer la plante comme un objet fini mais c'est aussi l'isoler historiquement et biologiquement du contexte qui la fait exister. Cela conduit fatalement à une utilisation plastique de type "alibi". Le temps ronge les alibis : il y a comme ça des pans de murs et des alignements d'arbres accrochés au paysage de manière un peu désespérée, juste pour alerter une mémoire, interroger une émotion, solliciter une nostalgie. J'aime les friches parce qu'elles ne se réfèrent à rien qui périsse. En son lit, les espèces s'adonnent à l'invention. La promenade en friche est une perpétuelle remise en question car tout y est fait pour que soient déjouées les plus aventureuses spéculations."




Deru, Pascal, 64 Jeux d'écoute, de confiance et de coopération, Le Souffle d'Or, 2018 : Cela commence ainsi : "Dans le mot animateur, il y a le mot latin animare : donner de la vie - mais aussi le mot anima : souffle vital, âme. Qui serais-je dans mon métier si l'invitation à jouer ne menait pas les femmes et les hommes dont je suis responsable à grandir en confiance, en écoute mutuelle, en tendresse ? Faire jouer est une mission pleine de sens."




Fukuoka, Masanobu, La révolution d'un seul brin de paille, Une introduction à l'agriculture sauvage, Guy Trédaniel Editeur (The one straw revolution, an introduction to natural farming, paru en 1978) : le témoignage très singulier d'un agriculteur - philosophe japonais qui a beaucoup partagé son expérience, et sa méthode d'agriculture du "non-agir", d'inspiration taoïste. Un paragraphe en fin d'ouvrage : "Les autres animaux combattent mais ne font pas la guerre. Si l'on dit que faire la guerre, qui repose sur les idées de fort et faible, est un "privilège" spécial de l'humanité, la vie est alors une farce. Ne pas savoir que cette farce est une farce - là git la tragédie humaine."




Krishnamurti, Jiddu, Le livre de la méditation et de la vie, recueil avec un texte par jour de l'année sur la plupart des thèmes abordés par Krishnamurti ; Mettre fin au conflit, pour lire une série complète de causeries qui ont eu lieu en 1947. Une phrase : "Essayez-le, faites-en l'expérience et vous verrez combien cela est extraordinaire, combien extraordinaire est la qualité créatrice de la compréhension de ce qui est."




Lenoir, Eric, Petit traité du jardin punkApprendre à désapprendre, Terre vivante, 2018 : paysagiste - pépiniériste qui fait des chouettes photos. C'est réjouissant ce genre de partage de petites idées : "Parfois, la transgression peut aussi prendre la forme de la protection : un magnifique massif de fleurs sauvages pousse dans le fossé devant chez vous et risque de passer sous l'épareuse d'ici peu ? Rendez-le inaccessible en le protégeant par des roches, des piquets ou, plus malicieusement, nettoyez ses alentours pour dissuader l'employé de la voirie d'y voir une nuisance."




Macé, Marielle, Nos cabanes, Verdier, 2019 : "La terre se fait entendre, le parlement des vivants demande aujourd'hui à être élargi. Elargi à d'autres voix, d'autres intelligences, d'autres façons de s'y prendre pour vivre ; élargi bien sûr à des modernités non occidentales ou à d'autres résistances à la modernité (...) ; mais élargi aussi aux bêtes, aux océans, aux pierres, qui ne parlent pas mais qui n'en pensent pas moins." (et contient plein de références bibliographiques pour continuer à lire...)




Macy, Joanna ; Brown, Molly Young, Ecopsychologie pratique et rituels pour la Terre, Le Souffle d'Or (Coming back to life, Practices to reconnect our lives, our world, paru en 1998) : exercices pratiques qui favorisent l'émergence, pour travailler en groupe sur le désespoir et la réappropriation de son pouvoir (Despair and Empowerment), devenu "le travail qui relie" (the work that reconnects) : "Nous n'avons pas besoin de réprimander les gens, ni de les manipuler pour qu'ils ressentent ce que nous pensons qu'ils "devraient" ressentir, s'ils avaient plus de moralité ou de grandeur d'âme. Simplement, nous nous aidons mutuellement à découvrir ce qui est déjà là. Seule l'honnêteté est nécessaire."





McCurdy, Robina, Faire ensemble, Outils Participatifs pour le Collectif, Passerelle Eco, 2013 : "Faciliter", "Mandala holistique", "Biorégion"... Des concepts qui ne sont que des outils pour nous aider à faire ensemble - cette condition incontournable -, de façon très pratique. Extrait choisi : "C'est cet apprentissage intime qui rend le lieu perceptible dans la culture, la culture anthropologique cédant ainsi la place à une culture synesthésique. S'approprier une biorégion implique d'être sur place pour apprendre du territoire, y être chez soi, en assumer la responsabilité et bien le traiter. C'est un facteur essentiel d'une société soutenable."




Rosenberg, Marshall B., Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs), Initiation à la Communication NonViolente, La Découverte, paru initialement en 1999 (NonViolent Communication : A language of Life) : "Je me contentais de recevoir ses paroles, non comme des attaques, mais comme un don de l'un de mes semblables qui cherchait à me faire partager ses rancoeurs et son profond sentiment de vulnérabilité. Une fois qu'il se sentit compris, il fut à même de m'écouter tandis que j'exposai les raisons de ma visite au camp."




Starhawk, Rêver l'obscur, Femmes, magie et politique, Cambourakis (Dreaming the dark, Magic, sex and politics, paru en 1982) : sorcière active qui a bien pointé la culture de la domination et de la mise à distance contre l'immanence ; le "pouvoir-sur" vs. le "pouvoir-du-dedans", "People often ask me if I believe in the Goddess. I reply, "do you believe in Rock ?" (...) We do not believe in the Goddess, we connect with Her" (in The Spiral Dance). Une phrase du livre, pendant le blocus de la centrale nucléaire de Diablo Canyon, les femmes arrêtées sont détenues dans le vieux gymnase de California Men's Colony - une prison : "Mais nous dansons, car après tout c'est ce pour quoi nous nous battons : pour que continuent, pour que l'emportent cette vie, ces corps, ces seins, ces ventres, cette odeur de la chair, cette joie, cette liberté."




Thich Nhat Hanh, Semer les graines du bonheur dans le coeur des enfantsInitiation ludique à la pleine conscience, Le courrier du livre (Planting seeds. Practicing Mindfulness with children, paru en 2011) : exercices pratiques pour s'inspirer. Extrait : "Traîner avec un enfant, c'est tout simplement être avec un enfant. C'est laisser l'enfant nous révéler qui il est : comment il parle, comment il se déplace dans l'espace, à quoi il veut jouer ; c'est découvrir sa voix, son sourire, son visage avec toutes ses expressions, ses rêves, son être tout entier."




Thoreau, Henry David, Walden, Le mot et le reste (publié initialement en 1854) : "Le prix d'une chose, c'est la quantité de ce que j'appellerai vie qu'on doit donner en échange, sur-le-champ ou plus tard." ; "C'est seulement lorsque nous sommes perdus, autrement dit lorsque nous avons perdu le monde, que nous commençons à nous trouver, et à comprendre où nous sommes, ainsi que l'étendue infinie des liens qui nous y rattachent."




Tolle, Eckhart, Le pouvoir du moment présent (The power of now, paru en 1999) ; Nouvelle Terre (A New Earth, paru en 2005) ; L'art du calme intérieur (Stillness speaks, paru en 2003) : "L'ennui, la colère, la tristesse ou la peur ne sont pas "à vous" ; ils n'ont rien de personnel. Ce sont des états d'esprit. Ils vont et viennent. Rien de ce qui va et vient n'est vous. "Je m'ennuie." Qui sait cela ? "Je suis en colère, je suis triste, j'ai peur." Qui sait cela ? Vous êtes le fait de connaître et non l'état connu." ; "Le temps est la dimension horizontale de la vie, la couche de surface de la réalité. Mais il y a la dimension verticale de la profondeur, qui vous est accessible seulement par la porte du moment présent." ; "Dans cet état de présence, votre mental est libre de tout concept, y compris celui de la non-violence. Alors, qui peut prévoir ce que vous ferez ?"




Tsing, Anna, Le champignon de la fin du monde, Sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme, Les Empêcheurs de Penser en Rond, La Découverte (The mushroom at the end of the world : On the possibility of life in capitalist ruins, paru en 2015) : sociologue - cueilleuse de champignons, en fin d'ouvrage : "C'étaient les communs latents faits de mauvaises herbes, les "lieux vacants" qui hantent les histoires de progrès et qui sont si souvent perçus comme dénués de valeur. Mais, pour nous, ils regorgeaient d'intérêt. Nous nous sommes gavés de baies que nous offraient les ronces et sommes partis en quête de petits champignons. Nous avons suivi la piste des chèvres et examiné les fleurs. Elle expliquait ce qu'était chaque chose et comment les gens les utilisaient. C'était ce type même de curiosité que Tanaka-san voulait développer chez les enfants de sa ville. Les vies multispécifiques en dépendaient. Sans plus d'histoires de progrès auxquelles se raccrocher, le monde est devenu un endroit terrifiant. Ce qui est ruiné nous reproche l'horreur de son abandon. On ne sait pas trop comment continuer à vivre et encore moins comment éviter la destruction planétaire. Heureusement, on trouve encore des alliés, humains et non humains. On peut encore explorer les bords broussailleux de nos pays désolés, qui sont autant les bords de la discipline capitaliste, de la scalabilité et de plantations abandonnées. On peut encore capter la senteur des communs latents et cet arôme d'automne insaisissable."




Vidalou, Jean-Baptiste, Être ForêtsHabiter des territoires en lutte, Zones, La Découverte, 2017 : philosophe - bâtisseur en pierres sèches : un monde dessiné depuis en haut vs. habiter un territoire, en fin d'ouvrage : "Entre connaître et être de connivence, il y a tout l'écart entre un savoir universel sur le monde, réparti d'avance, foncièrement homogène, et des liens qui s'agencent, à même la rencontre, à même les usages, révélant une plurailté toujours hétérogène. Le propre de la connivence est de ne pas s'extraire du monde. Au lieu d'objectiver le rapport, elle le replie sur lui-même et le rend intime, complice, immanent. Entre les lieux, entre les êtres, les usages, les bêtes, les plantes, le paysage. Marcher en forêt, y couper du bois de chauffage (...), de construction ou d'ébénisterie, trouver les arbres d'une future charpente, glaner des branches mortes, ramasser les champignons ou les châtaignes, chasser, cueillir des plantes, transformer en pleine ville une friche en un jardin-forêt, ou une jungle dans un jardin ouvrier, construire des cabanes, y tenir réunion, se battre avec elle, la faire surgir au coeur de la métropole, être forêts... Cela s'éprouve, cela s'éprouve sensiblement, sur un mode tel que la vie ne peut plus être séparée des êtres et des choses, et y acquiert ainsi une toute autre consistance. "Je" ne suis qu'à travers le "monde" qui m'affecte, et réciproquement."




Zürcher, Ernst, Les arbres entre visible et invisible, Actes Sud, 2016 : en début d'ouvrage : "L'arbre, géant de l'espace et du temps, enraciné dans le ciel et dans la terre, mémoire des siècles et source de vie, ami de toujours, attend... que l'homme s'arrête, qu'il le regarde et qu'il lui dise : "Continuons ensemble !".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire