lundi 29 avril 2019


Une dent de lait jetée, un lézard mort dans le bidet, la journée commence bien.

samedi 27 avril 2019





Vendredi, 19h30, Pierre, du haut de ses huit ans, se plaint de sa petite sœur :
"Mais elle m'embête tout le temps... Ça fait huit ans qu'elle m'embête !"

Une heure plus tard, les voilà ralliés au bout du fil, me faisant des coups téléphoniques, tandis que je m'installe dans la salle bientôt comble. Je les imagine recroquevillés dans une cachette de la maison avec leur trophée de combiné, se tortillant ; les entendrai glousser comme des souris de Gripari, imiter des voix improbables, l'un soufflant des consignes techniques à l'autre, qui elle, s'en donne à cœur joie pour refaire la copine ou le livreur de pizza.

En bas dans la salle, mon prof d'espagnol de collège - aujourd'hui il se trouve de ce côté-ci de la scène. Même s'il est amaigri, on le reconnaît bien, d'abord auditivement.
A côté de moi, un gars sympa qui était chez Goulard lui aussi l'autre jour. Quelques autres têtes connues, comme les voisins d'en face (qui reçoivent de temps à autre, idem, quelques blagues dans leur boîte aux lettres).
Puis, cette superbe fille à "one man show", très drôle et pas du tout drôle en même temps. Son ton vient me rappeler chaleureusement quelqu'un.

Il paraît que Pierre a accepté qu'Anne lui lise "Coco Panache" en entier, contre toutes ses cartes Astérix.

"Maman, on t'a fait un message."


vendredi 26 avril 2019




(...) "dans le rêve vivant que nous partageons avec le faucon qui plane, l'araignée, ou le rocher laissant en silence se développer des lichens sur sa face rugueuse." (p. 31)

(...)

"Le corps qui respire et sent tire sa nourriture et sa substance même des sols, des plantes et des éléments qui l'environnent. Lui-même ne cesse de contribuer à l'air, à l'enrichissement du sol, à la nourriture des insectes, des chênes et des écureuils. Il ne cesse, à la fois, de se déployer hors de lui-même et de respirer le monde en lui-même, de telle sorte qu'il est très difficile de discerner, à chaque instant, où commence précisément ce corps vivant et où il s'arrête." (p. 72)

(...)

(Citant Paddy, un aborigène :) 
"Vous voyez ce rocher ?
Ce rocher, c'est moi !" (p. 220)

(...)

"Il s'agit d'un style de pensée qui associe donc la vérité non avec un fait statique mais avec la qualité d'une relation."
(...)
"Une civilisation qui détruit sans relâche la terre qu'elle habite ignore ce qu'est la vérité, quelle que soit la masse de supposés faits accumulés à propos des propriétés calculables de son monde." (p. 336)

(...)

"Si je dis que je vis aux "Etats-Unis" ou au "Canada", en "Colombie britannique" ou au "Nouveau-Mexique", je me situe moi-même dans un ensemble de coordonnées purement humaines. Je ne dis rien ou presque du lieu terrestre où j'habite, je précise seulement ma localisation temporaire au sein d'une matrice changeante de forces politiques, économiques et civilisationnelles qui s'efforcent de se maintenir, le plus souvent aujourd'hui aux dépens de la terre animée. Le grand danger est que moi-même et de nombreuses autres personnes sincères, nous en venions à croire que nos corps qui respirent habitent réellement ces abstractions, et que nous consacrions nos vies à servir, défendre ou pleurer le destin de ces entités éphémères, plutôt qu'à maintenir et défendre les lieux concrets qui, charnellement, nous nourrissent." (p. 340)

(...)

"Afin d'obtenir cette extraordinaire image unificatrice de la terre tout entière (the whole Earth) tournoyant dans l'obscurité de l'espace, les humains ont dû, semble-t-il, abandonner quelque chose de tout aussi précieux - l'humilité et la grâce qui viennent d'une pleine appartenance à ce monde tournoyant." (p. 343)

(...)

"Tôt ou tard, en d'autres termes, la civilisation technique devra accepter l'appel de la gravitation et se réinstaller sur terre (...)." (p. 346)

(...)

"Planter les mots, comme des graines, sous les rochers et les arbres tombés au sol - permettre au langage de prendre racine, à nouveau, dans le silence de la terre, de l'ombre, de l'os et de la feuille." (p. 348)

Extraits de Comment la terre s'est tue (The Spell of the Sensuous, 1996), David Abram.

#zonesadefendre #atterrir #perceptionelargie



dimanche 21 avril 2019

lundi 15 avril 2019



Je viens de lire Crépuscule d'un trait. 
Oui c'est une œuvre de lucidité, et il faudra savoir.



jeudi 11 avril 2019

La pie qui


Sur le parterre inondé de soleil, une ombre gesticule bizarrement : la pie qui secoue avec son bec les branches trempées de l'aubépine et se prend une douche :)

mardi 9 avril 2019

vendredi 5 avril 2019

Apéros dehors


APEROS DEHORS

Comment en est-on arrivé là ?
Comment en est-on arrivé à ne plus se parler, ne plus se sourire, ne plus rigoler... sans l'ombre des sujets qui fâchent, à éviter ? Comment peut-on être si distants les uns des autres, tout en sauvant les apparences ?
Chacun chez soi, chacun pour soi. Nous souffrons beaucoup de cela.

Alors je vais être très claire : je ne veux plus de ce système oligarchique, confiscatoire, qui aboutit à nier la plupart des gens (sans même parler des autres espèces et éléments).
Nul besoin là d'expliciter, les deux liens ci-dessous donnent déjà matière à comprendre (et il y a les milliers d'autres informations auxquelles on a accès par soi-même, en ayant recours à son propre discernement. Pas la soupe prémachée servie sur un plateau).

Partant de ce refus net, comment créer autre chose pour vivre ensemble ?
Il est aussi clair que je n'en sais rien. Mais des éléments de début de quelque chose me viennent aujourd'hui.

Je partage d'abord cet entretien pour Ballast avec le philosophe Jean-Paul Jouary qui me semble poser la question politique ici et maintenant de façon limpide : https://www.revue-ballast.fr/jean-paul-jouary-de-tout-temps-les-democrates-ont-refuse-le-suffrage-universel/.

- Après la confiscation (du pouvoir, et la captation des communs),
- après la séparation des uns et des autres,
- après la disqualification de toute opposition à ce système (avec une série de mots en -isme),
- après - aujourd'hui c'est visible comme un coquelicot échappé dans un champ de blé - la répression de toute forme de contestation ou mouvement social ("quartiers populaires", sans-papiers et solidaires, supporters de foot, "zadistes", militants tout court, militants écologistes, altermondialistes, lanceurs d'alerte, gilets jaunes... - et maintenant les street medics, les reporters...),
- après, en somme, la destruction massive du politique chez les gens, tout en pouvant se revendiquer dans le monde officiel comme "démocratie", "état de droit",
on en vient à reposer les bases.

Je cite J-P Jouary :
"La construction de réflexions et de décisions collectives par la parole est non seulement le cœur du politique, mais c’est la construction même du peuple citoyen, le passage d’une somme d’individus à un ensemble plus cohérents de citoyens."

Un premier élément de réponse pour passer du je au nous : se parler, échanger des paroles.

Un autre élément de réponse, François Ruffin nous le pose comme ça, au détour d'une rencontre filmée à Strasbourg (je ne soutiens aucun parti politique, je n'ai pas de mentor, mais je suis attentive à l'humanité quand elle s'expose sans voile) : https://www.facebook.com/FrancoisRuffin80/videos/1926753194096968/.



Tous les témoignages de ce moment disent une vérité à laquelle être attentif, mais si on veut faire court, à partir de 15'20 (ça vaut le coup à écouter-voir) :

"Il y a une autre chose qui gargouille dans les ventres. (...)
"Les coups de matraques sont donnés à tous les gens pour leur dire : ne sortez pas de chez vous. (...)
(22'10)
"Je ne pense pas qu'il y ait la nécessité forcément d'une convergence. Mais par contre je pense qu'on peut être synchrones, sans qu'il y ait forcément de convergence.
(...)
"Il y a un moment à jouer. (...)
(24'20)
(Citant un proche du président, dans le Parisien :) ""Je ne vois pas comment on sort de ça. Avec les beaux jours, les GJ vont revenir et installer des barbecues sur les ronds-points." Voilà le chemin ! Le chemin nous est donné par le Parisien (...), il suffit de faire des apéros FB sur les ronds-points du pays, y a pas plus fédérateur, et je pense que comme ça, en effet, ce printemps on peut mettre une énergie nouvelle." - "Barbecues vegan !" (on entend dans les personnes présentes) - "Aubergines grillées !" - "Même avec les barbecues on est divisés du coup" (:D :D :D...)
(...)
"Il y a pas 36 solutions les copains (...), l'énergie elle va pas rester dans la salle de cinéma ce printemps, elle doit sortir."

C'est ça : sortir, faire des apéros, se parler, rire, pleurer, reprendre contact, la vie... Pas une fausse image, bien sous tout rapport, on se croise, et on n'établit plus de vraie relation - c'est en train de nous tuer.

Rompre l'isolement. Oui se rencontrer, oui se parler, oui prendre l'apéro. Pas chacun chez soi, pas dans son cercle restreint. Dehors, là où il y a déjà du monde. Là où il y a déjà des gens qui se parlent. Même si on n'a pas les mêmes points de vue, même si on n'a pas les mêmes "cheval de bataille", ou qu'on n'en a pas tout simplement, même si on n'a pas les mêmes conditions de vie... Recommencer à se parler.
A se voir déjà, se sourire éventuellement, échanger quelques regards, même si on ne dit rien et qu'il y en a qui gueulent. Qui disent des conneries. J'en dis aussi, même qu'à moi. Reprendre juste contact. Se re-connaître. Ne pas chercher à convaincre, à mettre en avant sa vision, ne pas savoir, redécouvrir. 
Nous sommes tous ignorants.
Pas de ralliement, mais commencer à se relier, juste comme ça en prenant contact en vrai. Les corps dehors.
Oui je vais sortir prendre l'apéro. Je vais aller là où il y a déjà des gens qui se parlent et qui se sont rendus visibles parce qu'ils n'étaient rien.

En étant nombreux, différents, dehors, visibles, à commencer à se parler, à commencer à s'écouter, à se découvrir, sans chercher l'accord, l'approbation, le similaire, le mariage et la construction de la maison, sans déballer des solutions déjà prêtes à l'emploi, quelque chose de nouveau se fait...

mercredi 3 avril 2019





" Nous devons garder nos distances par rapport aux conventions de l'histoire, même lorsque nous utilisons des récits du passé, car l'idée d'histoire est elle-même une invention occidentale dont le thème central est le rejet de l'habitat naturel. Elle caractérise l'expérience en l'abstrayant de la nature et tend à réduire un lieu à une simple scène où se joue le drame humain. L'histoire conçoit le passé principalement en termes de biographies et de nations. Elle recherche les causes dans le caractère conscient, spirituel, ambitieux des hommes, et en perpétue le souvenir par écrit." 


Paul Shepard cité par David Abram dans "Comment la terre s'est tue"