vendredi 27 septembre 2019

Interlude


Cette actualité sur l'extraordinaire récente ascension des milliardaires français (voir plus bas) me fournit l'élan de donner ce petit interlude, d'abord sur le mot "démocratie".

Ce mot est tout le temps scandé, et la plupart du temps assimilé au droit de voter (alors que des élections sont régulièrement organisées dans les dictatures, soit dit en passant).

Sur le vote de 2017, me viennent ces mots de Jacques Rancière, en avril 2017 : « Choisir l'escroc pour éviter le facho, c'est mériter l'un et l'autre. Et se préparer à avoir les deux. »
(Et le début de son propos : "La solution est de lutter contre le système qui produit les Marine Le Pen, non de croire qu'on peut sauver la démocratie en votant pour le premier corrompu venu.")

Si Emmanuel Macron ramène en ce moment sur le devant de la scène "la question de l'immigration" (qui est censée torturer le peuple français... pour peu qu'on le pousse un peu dans cette direction...), c'est parce qu'il est en train de désigner son adversaire pour la prochaine présidentielle.
Parce qu'en étant le candidat désigné contre le RN au deuxième tour (ayant éliminé au passage la gauche et la droite "officielles"), il maximise complètement ses chances de remporter cette élection. Et il y a toutes les chances - pour l'instant - que cela se passe ainsi.
D'autant qu'il a la main aujourd'hui sur la police et les médias de masse.
Mais, si par extraordinaire, il ne gagnait pas cette mascarade de second tour, les pouvoirs de l'argent sont tout à fait prêts à travailler de concert avec l'extrême droite officielle, comme c'est le cas dans beaucoup de pays aujourd'hui.

Alors quand les élections sont à ce point pré-organisées, il faut peut-être repréciser que la "démocratie", ce n'est pas seulement le droit pour le peuple de parler, de dire ce qu'il veut du moment qu'on ne l'entende pas trop fort, ni de voter une fois de temps en temps dans des élections jouées d'avance, mais c'est le droit pour le peuple de décider concrètement.
Ce n'est pas le cas aujourd'hui en France.
D'où ce qui a lieu aujourd'hui où une contestation, seul moyen restant de faire valoir sa "voix" dans cette configuration institutionnelle, est écrasée par la répression. Et les gens résistent et inventent des nouvelles formes d'agir politiquement pour avoir le droit de "cité", et retrouver une puissance d'influer sur les choses de ce monde.

Deuxième note de l'interlude : sur le mot "capitalisme".
"Le moins pire des systèmes". Ce n'est plus possible d'entendre cette expression. Ce n'est plus possible d'écouter les émissions d'actualités sur les grandes chaînes de télé et radio, qui relaient sempiternellement ce dogme. 
Demandez aux arbres et aux animaux des forêts qui brûlent si c'est "le moins pire" des systèmes. Demandez-le aux humains qui crèvent à l'extraction de matière. Et à ceux qui se font assassiner ou déporter pour récupérer les terres qu'ils habitent. Terres dont on pourra extraire des dollars.

Alors qu'est-ce qui fait dire aux privilégiés occidentaux que c'est "le moins pire" des systèmes ? Essentiellement la peur justement de perdre leurs privilèges (basés sur la colonisation de ces terres). 
En fait, la peur de perdre un certain confort "acquis" (entre deux burn-out au travail et un cancer à la retraite !).
Mais, même avec tout le déni qu'on peut mobiliser, cette conception du "confort" technologique et de celui des réseaux ne va pas durer.
Faire face à la réalité c'est ce qui attend tout le monde aujourd'hui.

L'envie maintenant de paraphraser Derrick Jensen : on entend souvent les politiques dire qu'on ne peut pas se passer d'électricité, (alors que 2 milliards d'habitants de la planète vivent de cette façon et que les humains se sont débrouillés sans jusque dans les années 20) ; mais on n'entend aucun "responsable" dire : on ne peut pas se passer des baleines, on ne peut imaginer vivre sans ours polaires, sans océans vivants...

Le monde n'est pas un gâteau d'argent à se partager. Le monde est vivant. Et nous aussi. C'est la même chose. Il faut se réveiller.




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