mardi 4 juin 2019

L'humide et l'obscur


"Une "surface plane à gérer...", voilà l'ultima ratio de la gouvernance. Sauf que l'on n'aplanit pas un espace sans "aplanir" aussi ceux qui y vivent. Les nouveaux habits de la préservation, tissés aujourd'hui de tout ce réseau computationnel, ne suffiront pas à cacher des siècles de dépossession, des siècles de colonisation. Ce planning en réseaux reconduit, à même le sol, la même violence."

(...)

[Citant Buffon, "Histoire naturelle", 1749 : ] ""La Nature brute est hideuse et mourante ; c'est Moi, Moi seul qui peux la rendre agréable et vivante : desséchons ces marais, animons ces eaux mortes en les faisant couler, formons-en des ruisseaux, des canaux ; employons cet élément actif et dévorateur qu'on nous avait caché et que nous ne devons qu'à nous-mêmes, mettons le feu à cette bourre superflue, à ces vieilles forêts déjà à demi consommées."
[et aux sorcières, camisards, sauvages, et tous autres gêneur.e.s qui les habitent, hé, hé, hé]

(...)

"Comme si une forme préétablie s'imposait à la matière inerte. Comme si les lumières venaient enfin éclairer l'informe basse-fosse du monde."

Dans Etre Forêts de Jean-Baptiste Vidalou.

Décoloniser son esprit. Elargir sa perception.
Je pense à toutes ces zones humides qui ont été asséchées, de façon méthodique depuis le XVIIIe, parce que "c'est sale". Avec leurs habitant.e.s. Humain.e.s, non-humain.e.s, plus qu'humain.e.s.
L'humide, l'obscur.
Je pense à Starhawk, entre autres, qui a pointé cette culture de la mise à distance, laquelle a méthodiquement écrasé les cultures de l'immanence, pour dresser le "pouvoir-sur".
Je pense au vagin de la femme, qui est aussi sale et humide.

Descends dans le monde. Décolonise ton esprit.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire